Marquoirs anciens

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Marquoirs anciens

Marquoirs anciens
En savoir plus sur les marquoirs anciens brodés au 19ème et au début du 20ème siècle.

Les pièces présentées ici proviennent de la collection d'anciens marquoirs de Muriel Brunet et retranscrits par elle sous forme de grilles.
>> voir la collection complète de marquoirs anciens retranscrits au point de croix

Marquoirs du 19ème siècle

Muriel Brunet - marquoir ancien datant de 1841 avec 19 arbres de vie

Les marquoirs les plus anciens sont riches d'élements symboliques tels que les arbres de vie, les fleurs, et les symboles religieux. Les motifs sont en général stylisés et la couleurs dominante est le rouge. Les arbres de vie sont un des motifs les plus largement répandus. Ils symbolisent le lien entre la terre et le ciel, la représentation de l'espoir et de la vie. Le modèle illustré à droite est le marquoir "M.B. 1841" avec une série exceptionnelle de dix-neuf arbres de vie!

RH 1868 - Sampler of Swiss origin from the Muriel Brunet Collection

Les autres motifs que les brodeuses aimaient particulièrement broder étaient les fleurs (souvent représentées dans des pots), des oiseaux, des couronnes, des paniers, des coeurs et des croix. L'exemple ci contre est un marquoir d'origine suisse, brodé en 1868, avec un grand nombre de ces symboles d'une charmante simplicité.

Hélène Bonnefond sampler - from The Muriel Brunet Collection

Avec les années, les marquoirs deviennent plus structurés. Ils sont composés dans un cadre formé de frises et une plus grande attention est portée à la symétrie de l'ensemble. Les frises sont plus sophistiquées avec des compositions florales élaborées. Les lettres des alphabets s'enrichissent de fioritures et se transforment en monogrammes, parfois enlacés de fleurs. L'exemple ci-contre signé "Hélène Bonnefond" présente une grande variété de frises .

Muriel Brunet - "C. Mathy" Reproduction sampler with bird motifs

Vers le milieu du 19ème siècle - et sans doute beaucoup plus tard dans certaines campagnes - une nouvelle tendance apparait dans la broderie de marquoirs. A la place des symboles "plats" et un peu naîfs, on voit apparaitre des motifs jouant sur des combinaisons de couleurs pour créer des effets plus réalistes. La palette des fils de la brodeuse s'est enrichie. Elle commence peut-être à avoir accès aux magnifiques gammes de couleurs de soie à broder que développe DMC à l'époque. Le détail ci-contre est tiré du marquoir "C. Mathy" brodé en 1878.

Poppy sampler from the Muriel Brunet Collection

La Broderie de Berlin exerce sans aucun doute une influence sur les marquoirs. C'est pour la première fois la possibilité pour la brodeuse de recopier des modèles de grilles colorées (l'ancêtre de notre point de croix!) Qu'ils soient inspirés de ces motifs - ou directement tirés des motifs de Broderie de Berlin pour certains - les motifs d'animaux et de paysages s'invitent dans les marquoirs. La brodeuse peut désormais enrichir son ouvrage de scènes charmantes et "réalistes": lapins, animaux des bois, petits paysages. Ci-contre un détail d'un marquoir typique de cette période, le "Marquoir aux coquelicots".

Alphabets et monogrammes

Maria Braillon reproduction sampler - 1877, France - From the Muriel Brunet Collection

La plupart des marquoirs comportent des alphabets. Il est très rare de trouver un alphabet complet. Bien que certaines erreurs, inversions ou omissions soient dues à la jeunesse de la brodeuse, cela n'explique pas tout. Ce sont bien souvent les mêmes lettres qui manquent. Outre les inversions et les oublis, il était souvent d'usage à l'époque de ne représenter qu'une des lettres pour le "I" et le "J" ainsi que le "V" et le "W". L'exemple ci-contre "Maria Braillon 1877" dont vous voyez l'extrait central, est un exemple typique.

Le marquoir était avant tout pour une jeune fille un outil d'apprentissage des bases de la broderie au "point de marque" (notre point de croix). Il lui permettait de se familiariser avec les lettres de l'alphabet en expérimentant souvent plusieurs variantes. Passé cette étape, la jeune fille serait prête à marquer son propre linge et préparer son trousseau.

An antique bedsheet with cross stitched monogam and numbering

An antique bedsheet with cross stitched monogam and numbering

A une époque ou la toile de drap était un bien précieux, il était d'usage de répertorier chaque pièce en "marquant" les draps, les torchons et autre linge de maison, souvent avec des initiales mais aussi des chiffres qui facilitaient leur identification. Le marquage du linge, généralement au fil rouge et au "point de marque" avait un rôle utilitaire contrairement aux broderies d'ornement généralement en broderie blanche (sur taies oreiller par exemple). Le drap ci-contre (Normandie, milieu 19ème siècle) est un exemple de marquage traditionnel du linge avec un monogramme très finement brodé au point compté sur la toile du drap (il mesure moins de 2cm de haut) et des chiffres. La tradition de marquer le linge se poursuit en Europe jusqu'au début du 20ème siècle, par contre des livrets de modèles remplaceront les alphabets brodés et laisseront la place à une large variété de style de lettrages.

Marquette ou marquoir?

Murile Brunet- Rose alphabet sampler "marquette"

On distingue ainsi les "marquoirs" d'une part et d'autre part les "marquettes". La marquette, généralement un alphabet monochrome rouge, avait une fonction de modèle, servant à la reproduction de lettres et passant parfois de génération en génération. Il existe une grande variété de marquettes, de l'alphabet le plus simple que la petite fille reproduisait sur un canevas , aux monogrammes les plus élaborés comme le modèle ci-contre "Alphabet ancien aux roses".

Le "marquoir" quand à lui est un ouvrage beaucoup plus personnel, généralement signé et daté. Cet exercice de style marquait souvent le passage de l'enfance à l'âge adulte. Bien que comportant aussi des séries de lettres et de chiffres, il laissait beaucoup plus de liberté à la brodeuse qui l'enrichissait de motifs décoratifs et symboliques, ainsi que de frises et bordures.

Les points, fils et toiles utilisés par nos aïeules

Muriel Brunet - R. Werner reproduction sampler dated 1907

Le principal point utilisé pour les marquoirs est le point de croix, avec occasionnellement du point arrière (point de piqûre) et des points d'oeillet. Quelques marquoirs comportent d'autres modèles de points, par exemple des points de reprise comme l'illustre ce marquoir allemand"R. Werner brodé en 1907" présenté ci-contre.

En ce qui concerne les toiles et les fils, la toute jeune fille débutait souvent sur un canevas assez lache, en brodant avec un fil de laine. Les modèles plus élaborés sont brodés sur de la toile de lin, avec un fil de laine ou de soie. Le linge de maison était marqué au fil rouge (Rouge d'Andrinople ou rouge Turc).

Les marquoirs anciens retranscrits

Aujourd'hui, pour le plus grand plaisir des brodeuses, il est possible de reproduire des modèles anciens, patiemment retranscrits sur des grilles par des créatrices collectionneuses telles que Muriel Brunet. Découvrez sa collection, un vrai bonheur!

Nous tenons à remercier Muriel Brunet pour les informations et les illustrations fournies qui ont servi pour cet article.

>> voir les marquoirs anciens retranscrits au point de croix de la collection Muriel Brunet
>> en savoir plus sur l'utilisation du rouge dans la broderie
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